
L’Autorité fait partie du Conseil d’État égyptien, un organe judiciaire indépendant chargé de traiter les litiges administratifs, de fournir des avis juridiques et d’examiner les projets de législation. Le recours sera examiné par des commissaires des magistrats chargés de préparer les affaires pour jugement et de faciliter les règlements à l’amiable.
Des avocats et des citoyens de diverses confessions religieuses ont déposé cette requête, avec le soutien de l’organisation Alliance Defending Freedom (ADF) International. Selon ADF International, cet appel fait suite au rejet par le Premier ministre d’une pétition demandant que Pâques soit reconnue comme jour férié officiel.
La coalition d’avocats et de particuliers soutient que l’absence de reconnaissance officielle de cette fête viole les droits de plus de 10 millions de chrétiens vivant dans le pays.
En avril 2025, un groupe d’avocats avait déjà adressé une requête au Conseil des ministres, demandant au gouvernement de reconnaître Pâques comme un jour chômé afin que les chrétiens puissent célébrer avec leurs familles.
La pétition soulignait que de nombreux coptes orthodoxes ne peuvent pas célébrer Pâques en raison de leurs obligations professionnelles dans des secteurs essentiels, tels que le droit, ou à cause de la coïncidence de la fête avec les examens et cours universitaires.
« En conséquence, beaucoup sont privés de la possibilité d’observer leurs rites religieux et de participer à la célébration avec leurs familles de manière digne et significative », ont déclaré les pétitionnaires.
Selon Kelsey Zorzi, directrice de la Liberté religieuse mondiale pour ADF International, la pétition constitue une occasion de « faire progresser le droit des chrétiens à pratiquer librement leur foi en Égypte ».
« Pour des millions de chrétiens égyptiens, reconnaître Pâques comme jour férié public signifierait pouvoir célébrer pleinement l’un des jours les plus sacrés de leur foi sans devoir choisir entre le travail, les études et la pratique religieuse. C’est une étape significative vers le respect de leurs droits », a-t-elle ajouté.
ADF International a noté que le gouvernement égyptien reconnaît déjà officiellement d’autres fêtes religieuses, telles que Noël orthodoxe et les célébrations musulmanes. L’absence de reconnaissance pour Pâques oblige donc les chrétiens à choisir entre observer leur foi et remplir leurs obligations professionnelles ou académiques.
Droits religieux en recul
Les chrétiens représentent environ 10 % de la population égyptienne. Selon ADF International, ils continuent de faire face à une discrimination quotidienne, à des restrictions sévères et à des pressions constantes pour dissimuler leur foi. En janvier, Portes Ouvertes International a publié un rapport détaillant la persécution des chrétiens en Égypte.
Le rapport, intitulé Égypte : dynamiques de persécution, déclare :
« Le manque d’application sérieuse des lois et la réticence des autorités locales à protéger les chrétiens les rendent vulnérables aux attaques, particulièrement en Haute-Égypte. De plus, en raison du caractère autoritaire de l’administration, il est inutile pour les responsables d’Église ou les chrétiens de dénoncer ces pratiques. »
Le rapport explique aussi que les chrétiens éprouvent encore des difficultés à établir des églises et lieux de culte, malgré un nombre croissant de légalisation de bâtiments ecclésiastiques.
« Malgré le statut de l’Égypte comme puissance culturelle et historique en Afrique, la situation demeure une lutte constante pour de nombreux croyants », a déclaré Lizzie Francis Brink, conseillère juridique pour la Liberté religieuse mondiale à ADF International.
Elle a ajouté que, bien que l’article 64 de la Constitution égyptienne garantisse une « liberté absolue de religion ou de croyance », ce droit est restreint dans la pratique. Seuls les adeptes des trois « religions célestes » reconnues islam, christianisme et judaïsme peuvent légalement pratiquer leur foi et construire des lieux de culte publics.
Malgré ces garanties constitutionnelles, les chrétiens et d’autres minorités religieuses continuent de subir des restrictions à leur liberté de religion. Les lois et pratiques discriminatoires limitent la capacité des chrétiens, des musulmans chiites, des ahmadis et d’autres communautés non sunnites ou non reconnues par l’État à exprimer et pratiquer librement leurs croyances.
« Reconnaître Pâques comme jour férié est essentiel, car cela supprimerait un obstacle majeur pour des millions de chrétiens égyptiens qui doivent actuellement choisir entre leur foi et leur travail ou leurs études », a déclaré Haytham Ereifej, avocat et représentant d’ADF International au Moyen-Orient.
Il a ajouté que ce changement permettrait de faire respecter leurs droits constitutionnels et internationaux, assurant ainsi l’égalité de traitement et le respect de la liberté religieuse dans tout le pays.





