Des éleveurs peuls attaquent un village chrétien dans l’État de Kaduna, 7 morts dont un bébé

Funérailles des chrétiens tués le 28 août 2025 dans le comté de Kauru, État de Kaduna, Nigéria.
Funérailles des chrétiens tués le 28 août 2025 dans le comté de Kauru, État de Kaduna, Nigéria. Iliya Tata pour Christian Daily International-Morning Star News.

Le 24 août, des éleveurs peuls ont attaqué un village majoritairement chrétien dans l’État de Kaduna, au Nigeria, tuant sept personnes, dont un nourrisson d’un an, selon des habitants.

À Angwan Rimi, dans le comté de Kauru, cinq des sept chrétiens tués par ces « maraudeurs peuls » étaient des enfants, a déclaré un résident, Iliya Tata.

« Sept chrétiens ont été tués, tandis que huit autres ont été blessés par balles et par coups de machette », a déclaré Tata à Christian Daily International-Morning Star News, identifiant les victimes : Jacob Zaka, 12 ans ; Magret Mathias, 5 ans ; Delight Paul, 1 an ; Sati Markus, 9 ans ; Confidence Yakubu, 15 ans ; Veronica Paul, 25 ans ; et Felicia Francis, 30 ans.

Les blessés sont : Mathew Sunday, 14 ans ; Jethro Istafanus, 7 ans ; Jackson Istafanus, 5 ans ; Emmanuel Morris, 14 ans ; Agatha Sylvester, 9 ans ; Joy Markus, 9 ans ; Devine Paul, 6 mois ; et Mary Ishaya, 12 ans, a-t-il ajouté.

Emmanuel John Bako, un dirigeant de l’Union des Peuples du Sud Kaduna (SOKAPU), a publiquement appelé à « une intervention sécuritaire plus forte pour protéger les vies et les biens dans nos communautés ».

Un pasteur enlevé

Dans l’État de Kwara, au centre du Nigeria, des assaillants non identifiés ont enlevé, le 28 août, un pasteur de l’Église Évangélique Winning All (ECWA) dans la région d'Ekati, comté de Patigi, selon des sources.

Un membre de l’ECWA, Gana Sunday Kajita, a exhorté à prier pour le Rév. James Audu Issa, enlevé à son presbytère de l’église ECWA Ekati.

« Seigneur, tu es le gardien de la vie, le bouclier des sans-défense et le libérateur des opprimés », a prié Kajita. « Père, protège-le entre les mains de ses ravisseurs. Entoure-le de tes anges, déjoue chaque complot malveillant et ouvre la voie à son retour sain et sauf. »

Kajita a également prié pour la famille immédiate du pasteur, pour la communauté locale ainsi que pour les ravisseurs.

« Ô Seigneur de miséricorde, touche le cœur de ses ravisseurs et que ta lumière triomphe de ces ténèbres », a-t-il ajouté. « Nous croyons en ta promesse que ceux qui se confient en toi ne seront jamais confondus. Nous déclarons sa libération, son retour auprès de sa famille et de son église, et que ta gloire soit révélée à travers cette situation. »

Contexte : les éleveurs peuls et la violence

Ils sont des millions à travers le Nigeria et le Sahel. Majoritairement musulmans, les Peuls se divisent en centaines de clans d’origines diverses, dont la plupart ne sont pas extrémistes. Cependant, certains adhèrent à une idéologie islamiste radicale, selon un rapport de 2020 du Groupe parlementaire multipartite du Royaume-Uni pour la liberté de religion ou de conviction (APPG).

« Ils adoptent une stratégie comparable à celle de Boko Haram et de l’ISWAP et manifestent clairement l’intention de cibler les chrétiens et les symboles forts de l’identité chrétienne », indique le rapport.

Des dirigeants chrétiens du Nigeria estiment que les attaques des éleveurs peuls contre les communautés chrétiennes de la Ceinture médiane visent à s’emparer de leurs terres et à imposer l’islam, la désertification ayant rendu difficile la subsistance de leurs troupeaux.

Le Nigeria reste l’un des endroits les plus dangereux au monde pour les chrétiens, selon la World Watch List 2025 de l’organisation Portes Ouvertes. Sur les 4 476 chrétiens tués pour leur foi dans le monde durant la période étudiée, 3 100 (69 %) l’ont été au Nigeria, selon le rapport.

« Le niveau de violence anti-chrétienne dans le pays est déjà au maximum possible selon la méthodologie de la World Watch List », précise le document.

Dans la zone du Centre-Nord du pays, où les chrétiens sont plus nombreux que dans le Nord-Est et le Nord-Ouest, des milices peules islamistes attaquent les communautés agricoles, faisant des centaines de morts, principalement des chrétiens, selon le rapport. Des groupes djihadistes tels que Boko Haram et sa branche dissidente, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP), entre autres, sont également actifs dans le nord du pays, où le contrôle du gouvernement fédéral est faible. Les chrétiens et leurs communautés y sont régulièrement la cible de raids, de violences sexuelles et de meurtres à des barrages routiers. Les enlèvements contre rançon se sont considérablement accrus ces dernières années.

La violence s’est étendue aux États du sud, et un nouveau groupe terroriste djihadiste, Lakurawa, est apparu dans le nord-ouest, armé d’armes sophistiquées et d’une idéologie islamiste radicale. La World Watch List note que Lakurawa est affilié à l’insurrection expansionniste d’Al-Qaïda, Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM), originaire du Mali.

Le Nigeria s’est classé au septième rang de la World Watch List 2025 des 50 pays les plus hostiles aux chrétiens.

La police tue un évangéliste

Dans l’État de Cross River, au sud du Nigeria, un évangéliste de rue qui avait tenté d’annoncer l’Évangile au gouverneur a été abattu par des agents de sécurité à Calabar, selon des proches. Toutefois, ce meurtre dans un État majoritairement chrétien ne semblait pas avoir de motivation religieuse.

Moses Mba, 22 ans, a été blessé par balle le 1er août et est décédé le 9 août après qu’un garde de sécurité lui a refusé l’entrée à l’ancienne résidence du gouverneur Bassey Out, qui n’était pas sur place à ce moment-là.

Sa mère, Victoria Mba, a déclaré le 6 septembre à la presse que son fils s’était rendu à la résidence privée pour prêcher au gouverneur et avait été arrêté, battu puis abattu par cinq policiers en poste sur les lieux.

« Mon fils s’est vu refuser l’entrée et a été considéré comme une menace », a-t-elle dit. « Ils (les policiers) l’ont battu puis abattu. Il est resté à terre, saignant, de 11 h jusqu’en fin d’après-midi. »

Linus Obogo, attaché de presse principal du gouverneur, a déclaré que la police avait reçu l’ordre d’enquêter.

« À notre connaissance, l’officier de police impliqué est en détention », a dit Obogo. « C’est une affaire purement policière, et ils s’en occupent. »

Le commissaire à l’information de l’État, Erasmus Ekpang, a quant à lui affirmé que Moses Mba souffrait de troubles mentaux et avait jeté des pierres sur un policier à la résidence. Ekpang a précisé qu’il n’y avait qu’un seul agent de sécurité en poste à l’ancienne résidence du gouverneur lorsque l’évangéliste s’est approché.

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