Des responsables religieux au Malawi appellent les membres à « rejeter les politiciens corrompus » avant les élections générales de septembre

Le président Lazarus Chakwera est confronté aux défis de deux anciens présidents, Peter Mutharika, 84 ans, et Joyce Banda, 74 ans, qui portent tous deux des fardeaux liés aux troubles économiques passés et aux allégations de corruption.
Le président Lazarus Chakwera est confronté aux défis de deux anciens présidents, Peter Mutharika, 84 ans, et Joyce Banda, 74 ans, qui portent tous deux des fardeaux liés aux troubles économiques passés et aux allégations de corruption. Instagram

L’Assemblée générale de l’Église presbytérienne d’Afrique centrale (Church of Central Africa Presbyterian, CCAP) a exhorté les Malawites à exercer leurs droits démocratiques et à faire des choix qui transcendent les affiliations tribales, régionales ou religieuses, alors que ce pays d’Afrique australe se prépare à ses élections générales prévues le 16 septembre 2025.

Les déclarations de l’Assemblée, contenues dans une lettre adressée à tous les synodes à la mi-juillet, appelaient ses membres à devenir activement « partie de la solution aux problèmes auxquels le Malawi est confronté », en abordant le rôle spirituel, socio-économique, de gouvernance et politique que peuvent jouer les membres de la CCAP.

Signée par huit membres exécutifs de l’Assemblée générale, dont le Secrétaire général, le Rév. Dr Mwawi Chilongozi, la lettre rappelait aux membres que « l’Église a la responsabilité de guider les croyants sur la manière de se conduire, même en matière politique », exhortant les dirigeants des synodes à préserver la sainteté de la chaire. La lettre mettait explicitement en garde les responsables ecclésiastiques contre l’utilisation de leurs plateformes à des fins politiques partisanes, soulignant la nécessité pour l’Église de maintenir son autorité spirituelle et sa neutralité.

« Il y a une tendance à créer une plateforme dans l’Église où des politiciens sont invités à rivaliser pour lever des fonds pour l’Église. Cette pratique doit cesser », a averti l’Assemblée générale.

La lettre pastorale a insisté sur la nécessité pour les électeurs de choisir des dirigeants véritablement engagés à tenir leurs promesses de campagne et à répondre aux défis économiques pressants auxquels la nation est confrontée.

« Le rôle de l’Église n’est pas de soutenir un parti politique spécifique, mais d’encourager un processus de discernement assidu et dans la prière parmi ses fidèles et dans le grand public », a précisé la haute direction de la CCAP, qui a historiquement servi de boussole morale influente. Les lettres pastorales de la CCAP ont souvent joué un rôle déterminant dans les périodes de transition nationale majeure, notamment lors de la lutte pour la démocratie multipartite au début des années 1990.

Au-delà de la conduite des électeurs et du rôle du clergé, les recommandations de la CCAP ont abordé des questions plus larges de gouvernance et d’intégrité électorale. L’Assemblée a exhorté le gouvernement à garantir un processus électoral libre, juste et transparent, appelant à la vigilance contre toute tentative de manipulation ou d’irrégularité.

L’avis émis par l’Assemblée s’aligne sur une précédente lettre pastorale de la Conférence épiscopale du Malawi (Malawi Conference of Catholic Bishops), qui exhortait les fidèles à rejeter les dirigeants corrompus et à adopter une responsabilité morale et éthique dans les urnes. Les évêques avaient donné des conseils électoraux précis aux membres, les encourageant à s’inscrire et à voter pour des candidats ayant un passé irréprochable en matière d’intégrité, reprenant ainsi l’appel de la CCAP à une politique axée sur les enjeux.

Les lettres des responsables religieux interviennent dans un contexte où le Malawi a dû faire face à des difficultés telles que la sécheresse provoquée par El Niño en 2024, entraînant des pénuries alimentaires et de l’inflation, ainsi que des difficultés économiques et la corruption, que le président Lazarus Chakwera avait promis de combattre.

Chakwera est confronté à deux anciens présidents, Peter Mutharika, 84 ans, et Joyce Banda, 74 ans, tous deux entachés par des antécédents de troubles économiques et d’accusations de corruption. L’administration actuelle a été critiquée pour sa gestion des questions économiques et de gouvernance, les scandales de corruption et le tribalisme dans l’administration ayant encore creusé le fossé avec la population.

Face à l’apathie électorale, alimentée par les promesses de campagne non tenues et le manque de « véritable » choix pour les électeurs, tant les évêques catholiques que la CCAP ont souligné l’importance de la participation des jeunes, reconnaissant leur rôle essentiel dans la construction d’un avenir meilleur pour la nation.

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