La crise humanitaire continue de planer malgré l’Accord-cadre de paix en RDC

Le Programme alimentaire mondial (PAM) indique quenviron 25 millions de personnes en RDC souffrent dinsécurité alimentaire grave.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) indique qu'environ 25 millions de personnes en RDC souffrent d'insécurité alimentaire grave. PAM/Michael Castofas


Malgré la signature d’un accord-cadre de paix entre le gouvernement de la RDC et les rebelles du M23, la crise humanitaire en République démocratique du Congo demeure précaire, avec des vies en danger et des milliers de personnes encore déplacées de leurs foyers.

Alors que toutes les parties espèrent que l’accord-cadre signé à Doha, au Qatar, le 15 novembre 2025, conduira à une paix significative et durable dans l’est de la RDC, l’impact du conflit qui dure depuis des décennies continue de se faire sentir parmi la population.

S’adressant à Christian Daily International, le chargé de projet de l’Union des Églises Baptistes du Congo, le Prof. Mapenzi Lumeto, a déclaré que des milliers de personnes dans les zones de conflit du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ont été déplacées par la guerre entre les forces de la RDC et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda. Beaucoup ont fui vers des camps et sites de déplacement déjà surpeuplés et insuffisamment dotés en ressources.

« Non seulement cela, mais le conflit a provoqué une grave insécurité alimentaire. Il a empêché les populations d’accéder aux fournitures essentielles et a perturbé leurs activités agricoles. Il y a eu de graves violations des droits de l’homme, notamment des massacres, des enlèvements, des violences sexuelles et des attaques ciblées contre des civils et des travailleurs humanitaires », a expliqué Lumeto.

Bien que le cadre de Doha inclue huit protocoles couvrant l’accès humanitaire, le retour et la réinstallation des personnes déplacées, la réintégration des combattants, le rétablissement de l’autorité de l’État dans les zones tenues par les rebelles, le dialogue national, les réformes politiques, la réconciliation et les mécanismes de compensation, la situation reste critique.

« Le Cadre réaffirme l’engagement commun des Parties à s’attaquer aux causes profondes du conflit par un dialogue structuré, des mesures de confiance et une approche progressive de désescalade et de stabilisation », indique la déclaration.

« Il souligne également la priorité accordée à la protection des civils, au respect des droits de l’homme, au retour sûr et digne des personnes déplacées, ainsi qu’à la promotion de la réconciliation nationale et de l’unité », poursuit-elle.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) rapporte qu’environ 25 millions de personnes en RDC connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire. « Cela inclut un nombre alarmant de trois millions de personnes qui font face à des niveaux d’“urgence” de la faim, un chiffre en forte hausse et presque doublé par rapport à l’année dernière », a expliqué Cynthia Jones, directrice pays du PAM pour la RDC.

« Pour les familles, cela signifie sauter des repas et épuiser tous les biens du ménage. Elles vendent leurs animaux », a ajouté Jones.

Elle a noté que, dans l'est de la RDC, le conflit a déplacé environ 5,2 millions de personnes, dont 1,6 million rien que cette année. Cela fait du pays l’une des plus grandes crises de déplacement au monde.

Sans un financement significatif supplémentaire, le PAM avertit d’une « rupture totale de la chaîne » de l’aide d’ici mars 2026. L’assistance alimentaire d’urgence dans les provinces de l’Est s’arrêterait complètement.

Jones a souligné que le PAM a besoin d’environ 350 millions de dollars pour soutenir l’aide alimentaire et nutritionnelle d’urgence au cours des six prochains mois.

Les statistiques du PAM signalent un danger encore plus grand si la paix et l’accès humanitaire ne sont pas atteints prochainement.

« La situation globale de sécurité alimentaire devrait probablement s’aggraver durant la période de projection (janvier-juin 2026), alors que 26,6 millions de personnes (22 % de la population) feront face à la Phase 3 ou plus. Cela représente une augmentation de 1,8 million de personnes par rapport à la période en cours. Six territoires supplémentaires verront probablement leur situation se détériorer jusqu’à la Phase 4 », avertit le rapport de la Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC).

Le rapport souligne que le conflit persistant et les déplacements de population, ainsi que les inondations et l’impact de la saison creuse, en particulier dans l’est du pays, seront les moteurs de cette détérioration. Combinée aux réductions attendues de l’aide alimentaire humanitaire, la population vulnérable risque de basculer vers des niveaux encore plus élevés d’insécurité alimentaire aiguë.

Long chemin après l’accord-cadre

Malgré les efforts de paix commencés début 2025 et la signature récente du cadre, la situation sur le terrain ne montre aucun signe de désescalade. Les rapports indiquent que les combats ont continué même durant la trêve.

Benjamin Mbonimpa, représentant la délégation du M23 à Doha, a soutenu que l’accord ne contient « aucune clause contraignante » et ne changera pas « la situation sur le terrain ».

L’Union africaine a souligné que les parties prenantes doivent mettre en œuvre l’accord signé afin d’atténuer la catastrophe humanitaire actuelle qui frappe certaines régions du pays.

« L’Union africaine exhorte toutes les parties prenantes à respecter la lettre et l’esprit du Cadre, à garantir sa mise en œuvre rapide et fidèle, notamment par la conclusion en temps opportun des six protocoles de suivi », a déclaré l’organisation en réaction à la signature de l’accord de Doha.

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